Ce bonheur que tu cherches (11/2/2004)

Ce bonheur que tu cherches (11/2/2004)
Source : Christicity

... il l'a trouvé ! Aussi l'abbé Lelièvre s'est-il employé à montrer du doigt ce qui donne sens à la vie, Celui qui donne sens à toute vie. Conçu sous forme d'un dialogue entre un prêtre et un ado, cet ouvrage est une véritable réflexion sur la vie, l'amour, la société, la vocation. A l'usage des 15-25 ans, indispensable pour tout éducateur, il ouvre des horizons et invite au Bonheur, au réveil, à la joie ! Nous vous proposons l'interview de l'abbé Lelièvre en deux parties. On cherche tous le bonheur... mais on se plante parfois, croyant l'avoir trouvé. C'est pour cette raison que vous avez voulu écrire ce livre, pour donner à des jeunes généreux mais parfois désemparés « un avenir et une espérance » ? Ce n'est pas mon livre, c'est le livre écrit par tant de jeunes que je rencontre depuis plus de 20 ans et qui m'ouvrent leur cœur, exprimant leur soif de ce Bonheur. Cette recherche se vit parfois dans la joie, souvent par une lutte... qui est aussi l'expression de souffrances et d'attentes. Que donne-t-on aux jeunes aujourd'hui ? Que propose-t-on à cette génération ? Souvent, la société répond par des pierres au lieu de donner le Pain, des serpents en guise de poisson (Mt 7,9-10) : alcool, drogue, mauvais usage de la sexualité... et le découragement, ce gigantesque manque d'Espérance qui marque si fortement la génération actuelle, jeunes, adultes et personnes âgées. Le jeune a besoin qu'on l'aime pour ce qu'il est. Le fruit de cet amour est la confiance qui engendre la responsabilité, la construction de toute sa personne, de son autonomie (à ne pas confondre avec l'indépendance : «t'occupe, je gère»). Le jeune est considéré aujourd'hui comme un problème et non comme un cadeau, une promesse de vie, de don de soi pour les autres. Considérer ainsi le jeune comme un problème alors qu'il recherche le Bonheur, c'est aller droit vers une société de violence, de rejets, de suicide, de fuite du réel : je surfe, je zappe... et je rate ! En revanche, porter un regard d'amour sur un garçon, une fille, promesse de vie, l'accueillir comme un cadeau, un saint, une sainte en puissance, ça détonne ! Et c'est le regard que porte Jésus, que porte l'Eglise très intensément en ces temps, avec notre Père Jean-Paul II. Oui, la génération qui vient, ça va détonner ! Les jeunes n'ont jamais demandé à ne pas être éduqués, à ne pas avoir d'interdits qui leur ouvrent des voies de liberté intérieure et extérieure. Les cœurs exsangues de tant de jeunes compensent cette absence d'amour, de responsabilité, par des ersatz de « bonheur » éphémères. Ils savent bien que cela ne comble pas. Mais où sont-ils ceux qui leur ouvrent la porte du tabernacle, qui libèrent ce Feu d'Amour, qui permettent à leurs cœurs de rencontrer ce Buisson Ardent, de se laisser saisir par lui ! Oui, je n'ai pas peur de dire que la génération des 15-25 ans va détonner ! Une insurrection sans précédent se prépare en elle. L'amitié et l'amour donnent un sens à la vie. Quelles visions fallacieuses du bonheur vous employez-vous à mettre en lumière ? C'est justement ce que je constate de plus en plus, en rencontrant des jeunes de pays différents. Les jeunes ont comme une grâce de pureté, de vérité qui les habitent... même s'ils ont du mal à vivre cela. La société est tellement érotisée qu'elle aseptise l'amour, l'amitié : rien n'est gratuit ! On «staracadémise», on «lofstorise»... pensant que l'amitié, l'amour, c'est cela. Et une fois que l'on se marie, on déchante vite par ce qu'on pensait qu'après... c'est comme avant ! Et encore, il faut voir ce qu'est cet « avant » : ce type d'amitié, d'amour qui blesse, casse, piétine les cœurs. C'est dur d'entendre des ados employer des mots comme « il m'a quitté »... « il n'y a plus rien entre nous »... cela blesse profondément le cœur d'un jeune... qui se construit dans ce temps de l'adolescence, de la jeunesse... période tellement précieuse où l'amitié se construit et prépare au don total de la personne. L'amitié, c'est laisser entrevoir quelque chose de son âme, d'abord. C'est une communion des âmes. Pas premièrement des corps... qui ne peut se vivre alors que dans un narcissisme, un égoïsme... qui laisse des traces. Que le jeune n'hésite pas alors à se laisser aimer et guérir par la Miséricorde de Dieu ! L'amitié, les amitiés que nous vivons sur cette terre préfigurent, annoncent ce que nous vivrons au Ciel. L'amitié est un cadeau merveilleux de Dieu : une profonde communion des âmes entre filles, entre garçons, entre garçons et filles. Cela me construit, me donne une part de l'équipement par ces « oui » et ces « non » quotidiens... qui me permettront de prononcer un oui pour toujours, dans ce don joyeux de ma personne à travers le mariage comme la vie consacrée. Car il y a des oui à dire, à vivre... pour construire son « capital bonheur ». Et il y a des non à prononcer : je ne veux pas alors que je suis en train de construire mon capital bonheur le gaspiller, le gâcher, prendre sur ce capital par des salons d'essayages, des flirts, des expériences « pour voir si »... Que me restera-t-il demain ? Savoir dire non, c'est augmenter et fortifier ce capital bonheur... qui me donnera demain un beau service après-vente ! « Parce que je t'ai toujours aimé/e, je t'ai attendu/e » :c'est ce que je souhaite à chaque fille, à chaque garçon. L'Evangile de Cana nous le montre très intensément : au moment même des Noces, il manque le vin ! Pour actualiser cette page de l'Evangile, on peut dire que ces jeunes ont essayé de s'aimer avant... Le don des corps avant le mariage vide les cœurs... et le cœur se retrouve sans vin, c'est-à-dire vide d'amour, blasé, triste, avec un fort sens de culpabilité. (Jn 2) Les jeunes n'ont jamais demandé de ne pas vivre dans la pureté du cœur et la pureté du corps. Encore une fois, je pose la question : quelles sont les voix qui aujourd'hui rejoignent la soif, l'attente profonde de leur cœur... et leur fait découvrir cette Bénédiction de Dieu exprimée si fortement
dans la première page de la Bible (Genèse)... s'approcher de ce Buisson Ardent, d'accueillir cette capacité d'aimer, de se donner dans son cœur, et un jour dans son corps ? Ce que Dieu a fait est bon, très bon. Cette bénédiction de Dieu est source et fécondité de toute amitié, de tout amour. Je suis de plus en plus habité et saisi par cette Bénédiction de la Genèse sur l'amour, l'amitié... et sur ce Feu que Moïse rencontre. La rencontre du Bonheur. Dieu lui parle à travers ce Buisson, son propre Cœur s'ouvre et prononce ce Je t'aime : « Je suis celui qui suis ». Géant !